Magnette tacle De Wever à la gorge, Jambon lui répond

Le président du PS et ex-informateur royal, Paul Magnette, n’a pas été tendre avec son homologue de la N-VA, Bart De Wever, sur le plateau de l’émission Jeudi en prime de la RTBF. Ses propos ont d’ailleurs été très peu appréciés par le parti nationaliste, qui a réagi par l’entremise de Jan Jambon, ce vendredi.

Le leader de la N-VA s’était montré particulièrement acerbe en début de semaine à l’égard du PS et de Paul Magnette. Comme souvent, Bart De Wever y était allé de sa petite phrase assassine: ‘Paul Magnette a le goût de sa bouillie rouge-verte bien en bouche […] Il faudra beaucoup de dentifrice flamand pour se laver la bouche’. La belle image. Avant de revenir à la charge avec sa solution miracle: le confédéralisme, cette panacée qui permettrait enfin d’éviter aux Flamands de payer ‘des milliards d’impôts pour les Wallons passifs’.

Sur la RTBF, Paul Magnette a réagi, et plutôt violement, articulant son courroux envers Bart De Wever autour de trois idées principales:

Bart De Wever n’ose pas prendre ses responsabilités. ‘Il a tout fait pour ne pas être nommé informateur. Il ne voulait surtout pas être nommé informateur. Il ne veut pas prendre de responsabilités. C’est quelqu’un qui est incapable de choisir, qui est incapable de trancher et qui est incapable de réunir et de rassembler autour de lui (…) Il a multiplié les provocations pour se faire pousser hors de la table parce qu’il n’ose pas assumer qu’il ne veut pas entrer dans un gouvernement.’

Bart De Wever a l’insulte facile. ‘On sait que M. De Wever, quand il est à court d’arguments, retombe sur l’injure. C’est son instrument classique. Ce n’est pas la première fois qu’il injurie les Wallons, les Bruxellois, qu’il les traite de junkies, d’assistés. Je pense qu’il y a cette espèce de tentation populiste qui est toujours présente chez lui, d’essayer de retomber sur un discours extrêmement dur, de chasser sur les terres du Vlaams Belang.’

La N-VA est un parti dangereux. ‘Dangereux pour la Belgique fédérale, dangereux pour la sécurité sociale. C’est un parti qui nie totalement l’existence de Bruxelles. Dans leur schéma confédéral, il n’y a que la Wallonie et la Flandre, et Bruxelles disparaît complètement. Le PS ne va jamais laisser faire ça, ni maintenant, ni dans cinq ans, ni dans dix ans.’

La N-VA rejette la responsabilité sur le PS

Le ministre-président flamand, Jan Jambon (N-VA), a réagi ce vendredi en déduisant des propos de Paul Magnette que ‘le PS ne veut absolument pas gouverner avec la N-VA’, ce qui ne surprendra pas grand-monde.

Sur les ondes de Radio 1, il a assuré que son parti avait ‘toujours été constructif’ et qu’il était capable de faire des concessions. ‘J’ai négocié l’accord de gouvernement flamand. Si vous le comparez avec le programme de la N-VA, vous constaterez des différences, preuve que nous pouvons faire des compromis.’

Quant aux déclarations acérées de M. De Wever sur son ‘dentifrice flamand’ pour lutter contre ‘la bouillie rouge-verte’, M. Jambon n’y voit rien d’autre qu’un reflet de la réalité, une réalité dans laquelle la Flandre paie les avantages dont les électeurs wallons bénéficient.

Et maintenant ?

Dans ce contexte, il est plus difficile que jamais d’imaginer PS et N-VA se retrouver au sein d’un même gouvernement, ou même autour d’une même table. La N-VA a beau clamer son bonheur de constater la mort de l’arc-en-ciel, cette possible coalition n’est pourtant pas encore six pieds sous terre, faute de mieux.

C’est probablement avec ce maigre espoir en tête que Paul Magnette, toujours sur le plateau de la RTBF, a assuré le nouveau duo d’informateurs royaux, Georges-Louis Bouchez (MR) et Joachim Coens (CD&V), de ses bonnes dispositions à l’égard de leur mission. ‘Je vais rester constructif pour qu’on puisse apporter des solutions’, a-t-il dit, ajoutant à l’adresse des chrétiens-démocrates qu’il n’avait jamais voulu les mettre de côté. ‘Dès le début, l’idée était qu’il fallait élargir cette majorité (arc-en-ciel).’

Cela suffira-t-il pour déscotcher le CD&V de la N-VA? À ce stade, on en doute fortement, et c’est un euphémisme.

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