Comme le multimillionnaire américain Dennis Tito, nous pourrons bientôt séjourner dans l’espace. Une constellation d’entreprises planchent en effet sur la conception des futurs hôtels de l’espace. Il leur faudra cependant surmonter des obstacles importants.
Tito avait été le premier touriste spatial lorsqu’il avait accepté de payer 20 millions de dollars pour embarquer à bord de la Station spatiale internationale (ISS) en 2001.
Une station dotée de sa propre gravité
Depuis, les séjours sont devenus beaucoup plus abordables. En juin, la NASA a annoncé qu’elle autoriserait chaque année deux personnes à séjourner dans l’ISS pour une durée maximale d’un mois au prix de 35.000 dollars la nuitée, et ce dès 2020.
Des sociétés privées conçoivent même leur propre station spatiale. C’est le cas d’Orion Span, qui projette d’héberger jusqu’à 5 touristes à la fois dans sa station Aurora d’ici 2024. Ceux qui accepteront de payer les 9,5 millions de dollars du billet pourront y demeurer 12 jours au cours desquels ils participeront à des expériences scientifiques, regarderont le soleil se lever et se coucher 16 fois par jour et éprouveront l’absence de gravité. Une trentaine de personnes auraient déjà versé 80.000 dollars d’acompte pour en être.
Une capacité d’accueil jusqu’à 400 personnes
The Gateway Foundation voit encore plus grand et planche sur un hôtel spatial alimenté à l’énergie solaire capable d’accueillir 400 personnes (y compris le personnel). Cette station, en forme de roue, tournerait autour de son axe à une vitesse lui permettant de créer une gravité équivalente à un sixième de celle de la Terre. Pas plus vite, car au-delà, c’est le mal de… l’espace qui guette les pensionnaires. Objectif 2028, selon ses concepteurs qui ont décidé de la baptiser Wernher von Braun, en hommage au père des fusées Saturn V du programme Apollo.
L’ISS revampée
Axiom Space souhaite pour sa part connecter ses propres modules, conçus par le designer français Philippe Starck, à l’ISS d’ici 2022. Dans un premier temps, elle y proposerait des séjours de 10 jours maximum, au prix de 55 millions de dollars. A la fin de la mission de l’ISS, en 2024, elle désire convertir cette dernière en station balnéaire luxueuse, dotée d’une capacité d’accueil de 8 personnes.
Les limites de l’espace
Mais les séjours spatiaux posent deux défis énormes: les coûts d’acheminement astronomiques et le cadre juridique inapproprié. La NASA paye plus de 50 millions de dollars par astronaute pour chaque vol dans les fusées Boeing ou SpaceX. Une concurrence accrue entre les différents lanceurs sera nécessaire pour faire baisser la note.
Enfin, la vie dans l’espace est régie par le Traité sur l’espace extra-atmosphérique de 1967. Celui-ci interdit aux pays de s’approprier l’espace et les corps célestes, mais autorise leur utilisation à des fins pacifiques, et donc, commerciales. Toutefois, les firmes qui se lancent sur ce marché devront recevoir l’aval des gouvernements dont elles dépendent. Mais ceux-ci étant responsables des dégâts que les stations spatiales pourraient causer en cas de collision avec un satellite par exemple, il n’est pas évident qu’ils accepteront facilement.
En outre, les stations comme Aurora, dotées d’une capacité de poussée, tombent sous le coup d’une législation américaine adoptée pour empêcher la vente de missiles balistiques à des pays ennemis.