Au Venezuela, l’or virtuel est un revenu bien réel

La profonde crise économique qui secoue le Venezuela oblige ses habitants à trouver de nouvelles sources de revenus. Parmi elles, l’or virtuel des jeux vidéo en ligne.

L’or noir constitue la principale source de devises du Venezuela. Son économie dépend des recettes du pétrole à  hauteur de 90%. Or, sanctions et mauvaise gestion ont fini par avoir raison de l’industrie pétrolière vénézuélienne: en 20 ans, la production est passée de 3,1 millions de barils par jour à 960.000, dont seuls 760.000 barils sont exportés, comme l’explique un article publié sur le site du Courier international. Dans le même temps, l’inflation a explosé et devrait atteindre, d’après le FMI, les 200.000% cette année, tandis que la crise politique n’a cessé d’empirer.

Ce contexte particulièrement difficile pousse la population du pays, dont 94% vit dans la misère, à trouver de nouvelles sources de revenus pour subsister. L’une d’elles consiste à récolter de l’or virtuel dans les mondes artificiels façonnés par les jeux vidéo, nous apprend The Economist. Selon le magazine américain, un grand nombre de Vénézuéliens consacrent, en effet, des heures et des heures à jouer à des jeux de rôle en ligne massivement multijoueur (MMORPG) pour glaner des pièces d’or (la monnaie du jeu RuneScape) ou de cristal (Tibia). Ces monnaies virtuelles sont ensuite revendues à d’autres joueurs contre de l’argent bien réel sur des sites intermédiaires.

40 dollars par mois… Une petite fortune

The Economist affirme qu’une personne jouant à RuneScape peut ainsi gagner entre 500.000 et 2 millions de pièces d’or à l’heure, que ce soit en tuant des dragons ou en fabriquant des runes. Au taux de change actuel, 1 million de pièces valent environ 50 cents de dollars. Cela signifie qu’un joueur assidu peut ainsi amasser l’équivalent d’environ 40 dollars par mois. Une somme dérisoire… Mais pas au Venezuela où le salaire minimum mensuel équivaut à 7,50 dollars.

Par ailleurs, certains joueurs échangent leurs pièces en Bitcoin, une monnaie virtuelle particulièrement volatile, mais qui l’est pourtant bien moins que le bolivar vénézuélien.

Ce business n’est pas neuf, rappelle The Economist. Il a commencé à la fin des années 90 en Corée du Sud et s’est développé en Chine dans les années 2000, où de véritables ‘fermes à or’ récoltaient des millions de dollars non-taxés. Les développeurs de jeux ont réagi, Ebay a banni la vente d’or virtuel, des sites ont été fermés, etc. Et la pratique a fini par décliner, en même temps que l’intérêt pour les MMORPG… Avant de resurgir, ces dernières années, alimentée par le retour en grâce de ce type de jeux, et par la misère toujours plus grande des Vénézuéliens.

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